Avec la Directive sur les services de paiement DSP2, l’Union européenne a pour ambition d’ouvrir et de standardiser un certain nombre de processus, comme l’authentification forte lors des paiements en ligne. Cette réglementation a été mise en place quelques temps avant l’arrivée du coronavirus, certaines parties, en France, ont été mises en application au plus tard le 31 décembre 2020.
La période de crise sanitaire que nous avons et continuons de traverser a bouleversé les habitudes de consommation avec des phases de confinement et des restrictions dues aux gestes barrières qui, bien que nécessaires pour vaincre le virus, incitent les consommateurs à se diriger vers plus de services digitaux. Bien évidemment, en digitalisant la consommation, c’est l’ensemble du processus d’achat et post-achat, que les entreprises ont dû digitaliser incluant donc, le paiement. Force est de constater qu’en France le chemin la digitalisation du paiement n’a pas été facile et certains acteurs sont encore en train de travailler sur leur transition numérique. Les consommateurs eux-mêmes n’étaient pas encore friands de ces solutions.
Royaume-Uni
Selon la Bank of England, depuis quelques années, le marché du paiement anglais s’adapte aux demandes des consommateurs. C’est d’ailleurs en 2017 que les paiements par carte ont dépassé le paiement par cash. Dans un son rapport « New economy, new finance, new bank » de juin 2019, la Bank of England atteste que 1 personne sur 6 (environ 16%) utilise un porte-monnaie virtuel.
L’appétence de nos voisins anglais pour les solutions de paiement digitales était présente avant la crise sanitaire de la covid-19. L’arrivée de cette pandémie a fait office d’un réel booster des solutions de paiement non monétaire et notamment des card-not-present. Selon Business Insider dans son article « Noncash and card-not-present payments have soared in popularity in the UK » d’août 2020, entre janvier et juillet 2020, les paiements monétaires en Angleterre ont chuté de 45 à 23% tandis que les méthodes de paiement sans carte sont passées de 2 à 33%. De plus, les données rassemblées par Business Insider attestent que les consommateurs anglais ne se sont pas redirigés sur du paiement monétaire lorsque des phases de baisses du nombre de nouveaux cas de coronavirus. Volonté d’attendre la fin de pandémie ? Nouvelle tendance de consommation ? Seulement l’avenir pourra répondre à ces questions. Cependant, certaines études reprises par le site Techround dans son article « UK to Generate a Quarter of All Digital Payments in Europe in 2020 » estiment que les points de vente mobiles augmenteront de 360% d’ici 2024.
Allemagne
En Allemagne, c’est un an après le Royaume-Uni que les paiements par cartes en magasins ont dépassé les paiements par cash. L’Allemagne est l’un des pays où le taux d’adoption des paiements mobiles est le plus bas dans le monde entier : 12,5% en 2019. Selon un rapport de eMarketer Inc, seul le Mexique à un taux d’adoption plus faible que l’Allemagne. La Chine est en première place avec plus de 80% de taux d’adoption.
Au niveau européen, les pays nordiques, Danemark, Suède et Norvège sont les premiers pays avec respectivement 40%, 36% et 25% d’adoption. La crise du coronavirus a donc constitué un réel défi pour l’Allemagne. Nous pouvons constater que les entreprises ont répondu présentes pour ce rapide changement d’habitude. En effet une étude en mai de la Bundesbank atteste que 43% des consommateurs ont changé leurs habitudes de paiement, ils étaient d’ailleurs 68% à avoir recours au paiement sans contact. D’ailleurs, le montant maximum autorisé du paiement sans contact est passé de 25 à 50€ en avril 2020 en Allemagne. Plusieurs cabinets d’étude prédisent que ces nouvelles habitudes de consommation resteront sur le long terme. A titre d’exemple, Maximilian Harmsen, senior manager et responsable de l’équipe des paiements numériques à PwC Allemagne estime dans un article publié sur SPGlobal que les paiements en point de vente mobile vont atteindre 3,5 milliards de dollars en 2023, soit le triple de 2019.
Il ne fait nul doute que l’Allemagne va continuer de connaître des changements concernant la digitalisation des paiements. L’organisation de ce marché sera probablement différente du secteur français. En effet, en Allemagne les entreprises institutionnelles ont de très belles opportunités devant elles. Actuellement, comme en France, Apple Pay et Google Pay sont les services les plus utilisés. Cependant, dans un article publié en août 2020, BankingHub démontre que 55% des consommateurs allemands préfèrent que les solutions de paiement mobiles soient proposées par leurs banques traditionnelles, bien loin devant les « big tech » avec seulement 7% d’opinion favorable.
Espagne
L’Espagne est probablement l’un des pays européens avec les plus belles avancées à venir. En effet, même si nous nous fions à l’analyse de eMarketer Inc précédemment mentionnée, en 2019 le taux de pénétration des paiements mobiles est de 16.5% en Espagne, légèrement plus élevé que la France qui enregistre 15.6%. Cependant, l’étude « Covid-19 and European retail payment » révèle que la hausse des paiements digitaux durant le confinement en Espagne n’est pas aussi significative que dans d’autres pays européens. Ainsi, les paiements en ligne entre avril 2019 et avril 2020 sont passés de 13 à 22%, là où l’Italie a bondi de 10 à 36%.
Cependant, malgré une adaptation limitée, les prochaines années devraient faire office d’une réelle transition pour les solutions digitales. A titre d’exemple, dans son étude « 2020 E-commerce Payments Trends Report: Spain », JP Morgan révèle que le commerce mobile a augmenté de seulement 1 milliard d’euros entre 2019 et 2020 mais estime que le marché atteindra 39.5 milliards d’euros en 2023.